Pénurie d’antibiotiques : Dentibiotic, le bon réflexe

Outil numérique gratuit d’aide à la prescription, Dentibiotic s’avère particulièrement précieux en cette période de pénurie d’antibiotiques, et notamment d’amoxicilline. Lui-même chirurgien-dentiste, son co-fondateur, le Dr Martin Perrin, explique toute son utilité pour notre pratique quotidienne et détaille les fonctionnalités nouvelles du site, qui vient d’être remis à jour avec le soutien de l’URPS CD ARA.

Cliquez ICI pour accéder à la plate-forme Dentibiotic.

D’où vous est venue l’idée de créer Dentibiotic ?

Florent Manuel et moi sommes tous deux chirurgiens-dentistes libéraux, lui dans l’Allier et moi dans la Nièvre. Comme tous nos confrères, nous cherchions régulièrement des informations sur les recommandations en matière de prescription d’antibiotiques, mais nous n’avions à disposition que le vieux PDF de l’ANSM. Cela nous a donné l’envie de créer un outil digital moderne et pratique, qui permettrait de naviguer facilement au cœur des recommandations les plus récentes possibles en antibiothérapie.

Quelle est la vocation de Dentibiotic ?

Il s’agit avant tout d’une aide à la prescription. Outre une liste des antibiotiques et antalgiques disponibles, on y trouve toutes les recommandations nécessaires en antibiothérapies curative et prophylactique, ainsi qu’un calculateur de posologie particulièrement utile pour adapter les traitements aux enfants. Dentibiotic est donc un outil très utile pour les chirurgiens-dentistes, et plus largement pour tous les autres spécialistes de la sphère orale : ORL, stomatologues, etc. Nous réfléchissons même à son adaptation pour les médecins généralistes.

Pourquoi Dentibiotic est-il particulièrement utile pour les chirurgiens-dentistes ?

Les prescriptions classiques, les chirurgiens-dentistes les connaissent. Mais ils peuvent être confrontés à des pathologies qu’ils n’ont pas l’habitude de voir, avoir besoin de confirmations avant de prescrire des antibiotiques dans des cas très spécifiques, comme un patient sous traitement particulier ou une femme enceinte au deuxième trimestre… Et le site est aussi un excellent moyen de se remettre à jour dans ses règles de prescription en les réadaptant aux recommandations actuelles.

Plus largement, Dentibiotic n’est-il pas un bon moyen de rationnaliser nos pratiques en matière de prescription d’antibiotiques ?

Oui, car en France, on a tendance à encore trop prescrire, et pas toujours bien. L’intérêt de notre plate-forme numérique est donc aussi de contribuer à éviter les surdosages et à lutter contre une antibiorésistance qui, au-delà d’être néfaste pour la santé des patients, coûte cher à la société. On estime en effet à 42 millions d’euros le montant pris en charge chaque année en France par l’Assurance maladie pour des antibiotiques prescrits par les chirurgiens-dentistes. C’est pourquoi Dentibiotic fait partie des outils plébiscités par le CRATB, le Centre Régional en Antibiothérapie.

Concrètement, comment ça marche ?

Le site est simple d’utilisation et accessible gratuitement quel que soit votre navigateur internet. On y navigue facilement dans différents menus concentrant les différentes recommandations, les bonnes informations sur le risque infectieux, la liste des traitements avec un classement par pathologie… L’idée est de permettre un accès complet, mais aussi le plus rapide possible aux informations. On a en effet pensé au praticien faisant face à son patient sur son fauteuil : en quelques clics, il va accéder à la bonne recommandation.

Quelle est la fiabilité des données du site ?

Nos contenus sont établis sur les bases des recommandations de l’ANSM de septembre 2011… qui sont les plus récentes. Mais nous y avons aussi compilé toutes les données possibles émanant de la Haute Autorité de Santé, du Ministère de la Santé, de la Société Française de Chirurgie Orale ou encore du Centre de Référence sur les Agents Tératogènes pour les grossesses et l’allaitement. Les initiatives de nos collègues du Grand Est, ANTIOBIO’dentaire et Antibio’Malin, ont également été de précieuses sources d’information.

Dans ce contexte de pénurie, en quoi Dentibiotic est-il particulièrement pertinent ?

Le site recensant l’ensemble des molécules utilisables pour nos patients, on peut l’utiliser pour trouver une alternative au médicament en rupture de stock dans les pharmacies. C’est notamment le cas pour l’amoxicilline, mais aussi pour les autres antibiotiques et antalgiques. Selon les recommandations, on a toujours souvent un choix de deux ou trois molécules : Dentibiotic permet de s’y retrouver plus aisément.

L’URPS CD ARA vous a aidé à remettre votre site à jour. Quelles en sont les nouveautés ?

La nouvelle version de notre site a été mise en ligne le 26 janvier, grâce effectivement au soutien précieux de l’URPS. L’objectif était de le rendre encore plus professionnel et efficace, de simplifier la navigation et de proposer de nouvelles informations sur la prise en charge des foyers infectieux bucco-dentaires, sur la définition des patients à haut risque d’endocardite infectieuse ou immunodéprimés, sur les formes des molécules disponibles en pharmacie et leurs spectres d’activités, sur les spécificités liées à la grossesse et à l’allaitement, ou encore aux insuffisances rénales ou hépatiques.

À SAVOIR

𝐀𝐧𝐭𝐢𝐛𝐢𝐨𝐫𝐞́𝐬𝐢𝐬𝐭𝐚𝐧𝐜𝐞 : 𝐭𝐞𝐬𝐭𝐞𝐳 𝐯𝐨𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐞𝐧 𝐜𝐢𝐧𝐪 𝐦𝐢𝐧𝐮𝐭𝐞𝐬 !

Connaissez-vous vraiment les risques de l’antibiorésistance ? Le Centre régional en antibiothérapie et le Centre de prévention des infections associées aux soins ARA ont conçu un quiz original sur le thème : « antibiotiques et allergie/effets indésirables ». Imaginé avec la complicité de deux allergologues, les Dr Pauline Pralong (CHUGA) et Jean-Pierre Jacquier (CHMS), ce quiz digital est un moyen ludique de tester vos connaissances en suivant les pérégrinations de Mr Pénigé et sa pneumopathie à travers 13 questions vrai/faux. Le quiz ne prend que quelques minutes. À vous de jouer !… en cliquant sur ce lien.