MPOX en cabinet dentaire : quand la variole du singe s’invite à votre consultation, que faire ?
04 octobre 2024
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Résumé du Virus MPOX (Variole du Singe) pour les chirurgiens-dentistes et leur pratique en cabinet par les Docteurs, Eric Lenfant DFOL, Yves Gille DFML, Adeline Marion-Salliot et Clément Debard.
Il s’agit ici de s’intéresser aux principales caractéristiques du MPOX, les symptômes spécifiques à surveiller dans la cavité buccale, et les mesures de contrôle des infections nécessaires dans un contexte dentaire. L’incubation de la maladie peut aller de 5 à 21 jours. La phase de fièvre dure environ 1 à 3 jours. La maladie guérit le plus souvent spontanément, au bout de 2 à 3 semaines mais parfois 4 semaines.
1. Présentations buccales précoces : les premiers signes de la MPOX apparaissent souvent dans la cavité buccale sous forme de lésions maculaires ou d’énanthèmes, c’est-à-dire des éruptions sur la langue et les muqueuses (Tappie, 2022). Ces signes précèdent généralement les lésions cutanées caractéristiques, qui se propagent ensuite sur le visage, le tronc, les paumes et les plantes des pieds (California Dental Association (CDA), 2022).
2. Cas rapportés : un exemple typique est celui d’un patient de 43 ans qui présentait une lésion de la papille gingivale indolore sans symptômes systémiques initiaux. En moins de 24 heures, ce patient a développé plusieurs lésions cutanées, confirmant une infection à MPOX (Dr. Bradley Shepard, ADC).
3. Importance de la vigilance dentaire : les dentistes doivent être formés à reconnaître ces signes et être prêts à adresser les patients pour des tests supplémentaires si une infection est suspectée. Des études montrent que les ulcères buccaux sont présents chez environ 25 % des cas de MPOX, ce qui en fait un symptôme significatif pour les dentistes lors d’un examen de routine (International Dental Journal (IDJ), 2022).
1.Modes de transmission en cabinet dentaire : la variole du singe se transmet principalement par contact direct avec les lésions de la peau ou les sécrétions des muqueuses d’une personne infectée, ainsi que par des objets contaminés, tels que des draps ou des ustensiles dentaires (OMS, 2024). La transmission par aérosol est également possible lors des procédures dentaires générant des aérosols, bien que cette voie soit moins courante (California Department of Public Health, 2024).
Remarque : les Poxvirus tiennent mieux sur les vecteurs inertes et les surfaces que la Covid !
2. Mesures de contrôle des infections : les cabinets dentaires doivent maintenir des mesures strictes de contrôle des infections. Cela inclut l’utilisation d’équipements de protection individuelle (EPI) tels que des masques N95, des respirateurs FFP3, des vêtements résistants aux fluides, et des protections oculaires (Tappie, 2022). Les précautions standards et celles spécifiques à la transmission par gouttelettes doivent être suivies rigoureusement pour prévenir la propagation de la MPOX dans les cabinets dentaires (Zemouri et al., 2022). Corollaire, nous devrons discuter la climatisation, ventilation, aération….
3. Protocole en cas de suspect d’infection : les chirurgiens-dentistes doivent savoir comment gérer les patients présentant des symptômes orofaciaux ou autres de la MPOX, notamment en les isolant, en limitant leur traitement à une zone clinique adaptée et en reportant les traitements non urgents jusqu’à ce que les symptômes disparaissent. L’orientation des patients vers les autorités sanitaires locales est essentielle pour un suivi médical approprié (California Dental Association (CDA), 2022).
4. Maladie à déclarer obligatoirement sans délai
1.Traitement : aux États-Unis, l’agent antiviral Tecovirimat est approuvé par la Food and Drug Administration pour la variole et disponible dans un cadre expérimental délivré par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC). En ce qui concerne les muqueuses buccales des produits locaux (crème, gel) anesthésiques sont prescrits en cas de douleurs localisées et des bains de bouche (par exemple avec du bicarbonate de sodium) soulagent les douleurs ! Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les corticoïdes et l’aspirine sont contre-indiqués en raison de la possibilité de survenue de complications infectieuses graves cutanée, pulmonaires, ORL neurologiques…
2. Vaccination : bien que le vaccin antivariolique semble efficace contre la MPOX, un vaccin spécifique est en cours de développement. La vaccination est recommandée pour les personnes à risque, notamment les professionnels de santé exposés au virus et les personnes ayant des contacts étroits avec des cas confirmés (OMS, 2024). Deux vaccins existent pour mémoire, l’un atténué (Japon), l’autre à la réplication bloquée (Bavarian Nordic).
3. Prévention et sensibilisation : les dentistes doivent sensibiliser leur équipe et leurs patients aux caractéristiques cliniques de la MPOX et aux mesures préventives. Cela comprend la réduction des contacts peau à peau, l’importance de l’hygiène des mains et de l’utilisation correcte des EPI (California Department of Public Health, 2024).
1.Propagation mondiale et variants : depuis 2022, la MPOX s’est propagée dans plus de 88 pays. En 2024, un nouveau variant plus transmissible, le Clade Ib, a été détecté, augmentant les préoccupations de santé publique sur la gestion de la MPOX (OMS, 2024.
2.Situation en Afrique et en Europe : les épidémies les plus importantes se trouvent actuellement en Afrique, notamment en République démocratique du Congo, où une augmentation de 19 % des cas et de 85 % des décès a été rapportée entre 2023 et 2024 (ELSAN, 2024). Des cas sporadiques continuent d’être signalés en Europe, notamment en France, où les mesures de surveillance et de vaccination ont été intensifiées (Sante Publique France, 2024). Donc nous devons être attentifs aux patients susceptibles d’arriver de clusters…
3.Situation en Auvergne-Rhône-Alpes : du 1er janvier au 30 juin 2024, un total de 107 cas d’infection à virus Monkeypox (MPOX) ont été signalés à Santé publique France via la déclaration obligatoire (DO) des orthopoxviroses : Tous les cas concernaient des personnes majeures âgées entre 18 et 65 ans (médiane d’âge de 36 ans), et un seul concernait une femme. Plus d’un tiers des cas (n=42, 39 %) résidaient en région Ile-de-France (dont 28 à Paris), 30 en Auvergne-Rhône-Alpes (dont 28 dans le Rhône) ! Voir le CERFA de déclaration à l’ARS joint ci-dessous.
Pour conclure, les chirurgiens-dentistes jouent un rôle crucial dans la détection précoce de la variole du singe et doivent rester vigilants face à cette menace sanitaire émergente. La mise en œuvre rigoureuse des mesures de contrôle des infections et la collaboration avec les autorités sanitaires locales sont essentielles pour réduire le risque de transmission dans les cabinets dentaires.
Un diagnostic de la variole du singe peut y être réalisé à condition de préalablement téléphoner au secrétariat du centre avant tout déplacement physique !
Les coordonnées des centres de vaccination contre le virus MPOX sont disponibles sur : sante.fr/monkeypox.
– Ministère de la Santé et de la Prévention :
– Santé Publique France : https://www.sexosafe.fr/Variole-du-singe
– COREB :
– ANSM : https://ansm.sante.fr/dossiers-thematiques/monkeypox
– HAS :
– Haut conseil de la santé publique : https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/avisrapports
– ANSES
-ARS ARA
-Assurance maladie : https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/variole-singe-monkeypox/traitement-de-l-infection-mpox-variole-du-singe
–https://www.sante.fr/recherche/s-informer/vaccination%20variole%20du%20singe
Bibliographie :
À SAVOIR
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